la pecia

Qu’est-ce la Pecia ?

Dans le Moyen-Âge existait déjà l’enseignement universitaire. Tel est le fruit de l’évolution de la vie intellectuelle. Les livres pédagogiques étaient déjà omniprésents. L’édition dans le monde universitaire était tout élaborée à la main. La Pecia, dans sa définition globale, désignait l’institution que contenaient les manuscrits pédagogiques du Moyen-Âge. Pour en savoir plus sur cet ancien système, découvrez dans cet article ce que signifie exactement la Pecia. Comment se passait son édition ? Et quel en est son contenu ?

Définition de la Pecia

Pecia vient du mot français « pièce ». Le système apparut à Bologne, où la production de livre battait son plein. Mais c’est à Paris que la Pecia fut attestée vers l’année 1250. Bien avant l’apparition du papier, Pecia définissait la peau de mouton qu’on utilisait pour écrire, faire passer un message ou noter des idées. Plus tard, la peau de mouton fut travaillée pour donner une forme rectangulaire et une texture plus lisse, telle une feuille de papier. Des années plus tard encore, ce parchemin prend une autre forme plus accomplie. Il est plié en 4 pour donner la forme d’un véritable cahier de huit pages.

Au Moyen-Âge, alors que l’enseignement est l’un des domaines les plus importants de l’époque, les livres étaient des supports de cours accessibles à tous. Mais l’édition prenait du temps. Ainsi, un système de travail était mis en place afin d’accélérer la production : ce système s’appelle la Pecia.

L’institution universitaire d’antan consistait à suivre et à imiter les exposés des maîtres. Les leçons et les épreuves étaient présentées dans un manuscrit auquel tous les instituteurs avaient accès. La Pecia permettait à tous de copier ces manuscrits en vue de les utiliser dans l’enseignement.

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Le processus d’édition de la Pecia

La Pecia consistait donc en un manuscrit pensé et rédigé par des maîtres. Il était convenu que tous les étudiants pouvaient s’en procurer pour pouvoir suivre et apprendre les cours. La copie se faisait à la main dans une belle écriture médiévale bien, sachant qu’il n’existait pas encore d’imprimerie. La Pecia permettait de préparer les copies selon un travail à la chaîne, selon lequel des centaines, voire des milliers de copistes recopiait à la suite tout le contenu de l’ouvrage. Le premier manuscrit qui servait de modèle s’appelle l’Exemplaria Souches.

Une fois l’Exemplaria copié par un copiste, il passe d’abord sous les yeux des petiarii. Il s’agit d’une commission de contrôleur qualité. Leur travail consiste à vérifier l’authenticité des copies par rapport à l’Exemplaria.

L’utilisation de la Pecia

Ensuite, toutes les copies validées par les petiarii passent chez le stationnaire chez qui les maîtres pourront louer les ouvrages. Le stationnaire était aussi le responsable de l’emprunt pour les étudiants. Des écrivains empruntaient aussi les ouvrages pour en faire leurs sources d’inspiration et d’informations.

La condition de location d’une Pecia était définie comme suit : le locataire n’avait droit qu’à une seule Pecia à la fois pour éviter les pertes ou les retards de retour. Cela permettait aussi de pouvoir fournir le maximum de Pecia à un nombre maximum de personnes. L’idée était de copier rapidement l’Exemplaria avant la date limite d’emprunt. Ainsi, il était plus facile et rapide de réaliser d’autres copies.

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Le contenu de la Pecia

La production de livre universitaire de l’époque médiévale se faisait à la main. Au Moyen-Âge, l’éducation était assez disparate. Dans les écoles épiscopales, les enfants apprenaient surtout les bases de l’écriture et de la lecture des chiffres et des lettres. Il y avait aussi ce qu’on appelait l’Éducation de la Chevalerie qui se basait sur l’éducation perse et musulmane. Enfin, il y avait l’université où le plus important était les Sept Arts Libéraux.

Les Sept Arts Libéraux consistaient à apprendre le trivium et le quadrivium.

  • Le trivium comporte des leçons de grammaire, de rhétorique et de logique ;
  • Le quadrivium touche la musique, la géométrie et l’astronomie.

L’écrit avait une place très importante dans l’éducation universitaire du Moyen-Âge. Les auteurs tels que Cicéron, Ptolémée ou encore Aristote étaient les sources d’inspiration des maîtres. Les enseignants en médecine s’appuyaient sur les œuvres d’Hippocrate tandis que les juristes faisaient référence aux textes Gratien.

Tout se passait autour des livres. L’achat des manuscrits n’était pas accessible à tous en raison de leur coût élevé. C’est l’une des raisons pour lesquelles le système de la Pecia ait été inventé.

Il est à noter que les livres étaient constitués de feuillets reliés, avec une couverture imagée. Quant à la Pecia, les feuillets n’étaient pas reliés, c’est pourquoi il était plus facile d’emprunter juste les leçons à copier, et non tout le manuscrit dans son intégralité.

Les examens se faisaient oralement. Le questionnaire était basé sur les textes contenus dans les manuscrits qui étaient distribués à tous les étudiants. Ces derniers pouvaient aussi profiter de la Pecia pour s’informer grâce à des copies sur un Exemplaria. En effet, parmi les épreuves imposées, on retrouvait la « lectio ». Il était question de lire un extrait du manuscrit pour ensuite le commenter en usant des connaissances acquises, de par les copies distribuées par les maîtres, et de par les recherches individuelles. En guise d’exemple, à l’examen, on demandait aux étudiants de commenter l’œuvre d’Artistote « Libri  Naturales », écrit au XIVe siècle. Ce manuscrit est toujours présent dans l’archive de la Bibliothèque de la Sorbonne. L’étudiant qui a eu la chance de copier ce manuscrit pouvait facilement commenter l’extrait présenté à l’examen.

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La destinée de la Pecia

L’apparition de la Pecia fut un commencement dans l’histoire du livre. Elle a permis aux étudiants d’avoir un intérêt pour la lecture et la découverte. Elle a créé en eux une certaine curiosité et une soif de découverte. La Pecia, c’est l’alternative aux scriptoria monastiques et aux bibliothèques cathédrales. Elle était présente dans toutes les sociétés.

Grâce à ces manuscrits pleins de sagesse et de richesse intellectuelle, des métiers se sont développés, des étudiants sont sortis maîtres à leur tour, tandis que d’autres ont utilisé leurs connaissances acquises pour devenir des intellects du futur, de notre époque.

Aujourd’hui, il n’en reste que des archives, mais chaque Pecia est unique, et chaque Exemplaria est devenu un livre d’or. Pour en savoir plus, découvrez l’ouvrage de Guy Fink-Errera, s’intitulant « Une institution du monde médiéval : la “Pecia” ».